Je rencontre une âme égarée qui me confie son désarroi. Elle me dit être encore en aller-retour avec le plan terrestre.
— J’ai oublié le temps qui me sépare de mon dernier souffle. Un an, cinq ans, dix ans ? Je sais juste que j’ai en moi les mêmes émotions que durant mon incarnation, le même attachement aux personnes qui vivent toujours sur Terre et que j’aime. Je ne peux pas me résoudre à les quitter.
Elle me montre au loin des âmes errantes comme elle, regroupées dans un cercle. La plupart marchent avec peine, éprouvant leur propre poids, qui les contraint d’avancer. Elles semblent toutes subir la même épreuve qui fait obstacle à leur évolution.
— C’est sans doute pour vous une grande souffrance de ne pas pouvoir vous élever sur des plans plus sereins. Vous pouvez ainsi errer sans fin.
— Je le sais, c’est un obstacle à ma transformation dans l’au-delà. Mais le désir de rester en lien est le plus fort et le rompre serait une souffrance plus grande encore.
— La relation que vous entretenez avec les vivants n’est-elle pas pour eux une charge pesante ? N’est-ce pas là une raison suffisante pour vous faire céder à l’attrait de l’ascension ? Les plus réceptifs doivent sentir que vous n’avez pas trouvé les repos ailleurs. Ils sentent votre présence comme une intrusion qui les peine et les affaiblit.
— Je suis conscient de ce lourd contrat qui les empêche eux aussi de trouver le repos.
— Ne recevez-vous pas des appuis de vos guides, qui vous encouragent à lâcher prise et vous proposent de vous apporter l’énergie nécessaire pour y renoncer ?
— Ils m’envoient toute leur compassion, mais me mettent néanmoins face à ma liberté de choix. Ils me disent que, pour le moment, vu ma position, je n’ai pas d’autre endroit où aller.