Que fait là le porteur de tout ce vaste petit monde ? On ne sait pas. Il ̆ miaule ̆ , déjà, voilà ce qu’on peut dire. Son cri minuscule se perd dans le cri des dernières loupes à l’agonie. Le petit miaulement essaie de traverser l’ombre comme un fil qui aurait à passer dans le chas de mille aiguilles. On aurait pu l’appeler Biscotte, Bifidus ou simplement Minou. Dans un polar, cela dit, un chat noir, gris ou blanc aurait bien mérité le nom de Sergent. Seul maintenant, sans maître, sans nom, débarrassé du cordon qui le serrait à la gorge, le chat est libre. Mais pour le moment, le petit greffier semble faire peu de cas des grand espaces, de la route soixante-six, des amours passagères derrière les poubelles et de ce bon milliard d’odeurs à flairer contre la porte de l’ex‑boulangerie. Il avait eu ces grands airs. Il avait rêvé de tout ça, il avait quitté la satanée cage. Mais c’est que notre déserteur craint les déserts, soudain. Il regrette amèrement d’avoir encore succombé à sa fièvre fugitive. Pourtant casanier à ses heures, il a ce petit penchant pour l’évaporation, ça lui prend comme ça, sans raison, irrésistiblement, du fond de ses racines sauvages, comme une envie de pisser à côté de sa litière. L’envie de plonger dans le vaste monde.