Mon enfant, ma sœur, ¶
Songe à la douceur ¶
D’aller là-bas vivre ensemble ! ¶
Aimer à loisir, ¶
Aimer et mourir ¶
Au pays qui te ressemble ! ¶
Les soleils mouillés ¶
De ces ciels brouillés ¶
Pour mon esprit ont les charmes ¶
Si mystérieux ¶
De tes traîtres yeux, ¶
Brillant à travers leurs larmes. ¶
Des meubles luisants, ¶
Polis par les ans, ¶
Décoreraient notre chambre ; ¶
Les plus rares fleurs ¶
Mêlant leurs odeurs ¶
Aux vagues senteurs de l’ambre, ¶
Les riches plafonds, ¶
Les miroirs profonds, ¶
La splendeur orientale, ¶
Tout y parlerait ¶
À l’âme en secret ¶
Sa douce langue natale. ¶
Vois sur ces canaux ¶
Dormir ces vaisseaux ¶
Dont l’humeur est vagabonde ; ¶
C’est pour assouvir ¶
Ton moindre désir ¶
Qu’ils viennent du bout du monde. ¶
– Les soleils couchants ¶
Revêtent les champs, ¶
Les canaux, la ville entière, ¶
D’hyacinthe et d’or ; ¶
Le monde s’endort ¶
Dans une chaude lumière. ¶